Le Jura bénéficie de quatre appellations "géographiques" : Arbois, Château-Chalon, l'Étoile et Côtes du Jura et de deux
AOC "produits" : Macvin du Jura et Crémant du Jura. Le mariage de ces différentes AOC "produits" et "géographiques"
symbolise à merveille l'harmonie des cépages, des terroirs locaux et du savoir-faire des viticulteurs.
Qu'est ce qu'une AOC ?
L'AOC est l'outil par excellence d'une politique de qualité. Elle a deux principaux objectifs : garantir la qualité aux
consommateurs et protéger le producteur contre toutes falsifications de ses produits. Selon l'Institut National des
Appellations d'Origines (INAO), "la mention AOC identifie un produit agricole, brut ou transformé, qui tire son authenticité
et sa typicité de son origine géographique". Elle garantit un lien exclusif entre le produit et son terroir. Les conditions
de production sont issues d'une culture et d'une histoire mais elles sont soumises à des règles très strictes à tous les
niveaux : culture de la vigne, vendanges et vinification.
AOC Arbois
Née du celte "ar" et "bos" signifiant "terre fertile", l'appellation Arbois fut la première AOC française en date. Elle est
aussi aujourd'hui la première du Jura par son volume de production, de l'ordre de 45 000 hectolitres par an. Cette appellation
est répartie sur 13 communes avec un total de 843 hectares. Les cinq cépages autorisés dans le Jura peuvent prétendre à l'AOC
Arbois qui produit environ 70% des vins rouges jurassiens et 30% des blancs. En effet, les rouges dominent en terme de
surface et de production sur ce terroir qui lui est favorable. Dans un relief tourmenté comportant des éboulis calcaires,
le sol se compose de marnes irisées très profondes, argilo-silicieuses et compactes. Parmi les autres villages vignerons de
l'appellation figurent : Abergement-le-Grand, Les Arsures, Mathenay, Montigny-les-Arsures, Mesnay, Molamboz, Les
Planches-près-Arbois, Pupillin, Saint-Cyr-Montmalin, Vadans et Villette-les-Arbois.
AOC Château-Chalon
L'AOC Château-Chalon produit exclusivement du vin jaune, issu du seul cépage savagnin. Ce petit vignoble AOC produit un vin
d'excellence sur un territoire très restreint. Il s'agit véritablement d'un vignoble de qualité où les contrôles sont encore
plus nombreux que pour les autres.
Ainsi, depuis 1958, une commission de contrôle de l'AOC passe tous les ans dans les vignes un peu avant les vendanges afin de
vérifier si le raisin présente toutes les qualités requises pour produire un vin jaune digne de sa réputation.
Cette commission unique en son genre se compose de membres de la Chambre d'Agriculture, de la Direction Départementale de
l'Agriculture et de la Forêt (DDAF), de l'INAO, de la Société de Viticulture, du laboratoire d'analyse agricole, de producteurs
et de négociants qui accordent ou non l'appellation "Château-Chalon".
La commission de contrôle de l'AOC Château-Chalon base son analyse sur le potentiel alcoolique du raisin mais aussi sur son état
sanitaire et sur le rendement parcelle par parcelle. Elle prend alors une décision dont dépendra le revenu des vignerons mais
surtout la notoriété du vignoble. Les producteurs ont parfois préféré renoncer à l'appellation quand la récolte ne leur paraissait
pas satisfaisante comme en 1974, 1980, 1984 et 2001. Depuis 2002, l'INAO envisage d'étendre cette pratique à l'ensemble des AOC
de France afin de renforcer l'image des AOC françaises face à la concurrence des nouveaux produits banalisés, notamment d'importation.
AOC l'Étoile
Pourquoi le nom de l'Étoile ?
Parce que le village est entouré de cinq collines formant les branches d'une étoile, et parce que ses vignes recèlent d'innombrables
pentacrines, ces étoiles fossiles que l'on peut trouver en se promenant dans les vignes.
L'encépagement se compose majoritairement de Chardonnay mais aussi de Savagnin et dans des proportions moindres, de Poulsard, notamment
pour l'élaboration du vin de paille. Les vins blancs expriment le terroir de cette AOC, tout en élégance et en finesse.
AOC Côte du Jura
Née d'un décret du 31 juillet 1937, l'appellation Côtes du Jura est la plus étendue des appellations jurassiennes. Elle s'étend du nord
au sud du vignoble, ce qui lui confère un grand nombre de contrastes de terroirs. En cela, elle constitue un territoire de découvertes
des différentes expressions des cépages jurassiens.
L'Appellation Côtes du Jura répertoriait une soixantaine de communes en 1937. Elle en regroupe aujourd'hui 105 sur une superficie totale
de 640 hectares en vignes.
Les communes représentant les surfaces les plus importantes sont Arlay, Beaufort, Buvilly, Gevingey, Lavigny, Mantry, Passenans, Poligny,
Rotalier, Saint-Lothain, Toulouse-le-Château, Le Vernois, Vincelles et Voiteur. Même si tous les produits jurassiens sont élaborés dans
l'AOC Côtes du Jura, c'est la production de blancs et de Crémant du Jura qui prédomine avec des vins ronds, fruités et généreux.
En terme de volume de production, il s'agit de la deuxième AOC jurassienne.
AOC Macvin du Jura
L'appellation Macvin du Jura, obtenue par décret le 14 novembre 1991, couvre l'ensemble des aires d'AOC des vins du Jura et représente 3%
de la production totale AOC jurassienne. Le Macvin du Jura appartient au club français très fermé des mistelles (ou vins de liqueur) d'AOC,
le seul à être issu d'une eau de vie de raisin et non de vin. Connu depuis le xive siècle, le Macvin du Jura est obtenu à partir de jus de
raisin non fermentés, les moûts, auquel on intègre un tiers de marc. Il est élevé au minimum pendant 12 mois en fûts de chêne et doit
présenter entre 16° et 22° d'alcool pour obtenir l'AOC.
Les cinq cépages jurassiens,Trousseau, Poulsard, Pinot Noir, Chardonnay et Savagnin, répertoriés dans l'AOC "Côtes du Jura" sont tous autorisés
dans la production de moûts destinés au Macvin du Jura. Le Macvin du Jura peut donc être blanc ou rouge bien que la plupart des vignerons
le produisent blanc.
L'eau de vie de marc utilisée pour la fabrication du Macvin du Jura est obtenue par la distillation du marc du Jura. Elle doit rester au moins
18 mois en fûts de chêne avant l'élaboration du Macvin du Jura.
AOC Crémant du Jura
L'AOC Crémant du Jura fut obtenue le 9 octobre 1995. La production de vins effervescents dans le Jura remonte à la fin du xviiie siècle, date
à laquelle les vignerons jurassiens maîtrisaient déjà la méthode traditionnelle. L'aire d'appellation du Crémant du Jura se superpose à
l'identique à celle des Côtes du Jura, d'Arbois, de Château-Chalon et de l'Etoile.
Les cépages autorisés pour sa production sont le Poulsard, le Pinot noir, le Trousseau, le Chardonnay et le Savagnin. Pour le Crémant du Jura
blanc, produit dans plus de 90% des exploitations, le Chardonnay doit représenter au moins 50% de la cuvée.
Pour le Crémant du Jura rosé, le Poulsard et le Pinot noir doivent aussi représenter au moins 50% de la cuvée. Les raisins, obligatoirement
vendangés à la main, sont transportés en caisses percées, et pressurés par grappes entières. Depuis sa création en 1995, la production de
Crémant du Jura a progressé régulièrement pour atteindre environ 16% de la production totale AOC jurassienne, sur une surface de 210 hectares
soit 15 000 hectolitres en moyenne par an.